écrit par Elisa Rojas
Usant, fatiguant ce énième retour de l’assistance sexuelle sur le devant de la scène et de constater encore qu’il n’y a que deux sujets qui passionnent et excitent les personnes valides nous concernant :
1) Nous aider à mourir.
2) Nous aider à b*****
La mort, le sexe. Le sexe, la mort. Ou un peu sexe encore ? Ce sujet si délicieusement tabou [1]. C’est vrai que ça vous empêche de dormir de nous imaginer mourant de faim… sexuellement.
Vous nous excluez volontairement de votre imaginaire et par voie de conséquence de votre réalité amoureuse, affective et sexuelle. Vous ne nous laissez aucune place nul part et vous vous étonnez du résultat ?
Vous vous croyez supérieurs alors qu’à bien y regarder vos vies affectives et sexuelles ne sont pas des modèles et vous osez la ramener ?
Vous n’avez rien d’autre à proposer que la charité plus ou moins gratuite du cul pour ne pas vous remettre en question et ne pas avoir à faire face à votre propre lâcheté ?
Faut-il être puant, faut-il être de mauvaise foi, faut-il être suffisant pour voir dans l’assistance sexuelle une quelconque solution. Vous m’écœurez.
Occupez-vous de vos… affaires (ça nous fera des vacances) et commencez par faire votre propre petite introspection dans le domaine, ça pourra peut-être nous être utile un jour…
Tout ceci est d’autant plus pitoyable que pendant que vous faites une fixette sur nos problèmes sexuels au lieu de résoudre les vôtres (qui sont pourtant coton [2]), le gouvernement ment éhontément, s’assoit sur les recommandations de l’ONU, blesse ou intimide des manifestants handicapés et détruit le peu de droits que nous avons.
Pas besoin d’être Hercule Poirot pour comprendre qu’il a opportunément choisi de remettre le sujet sur le tapis pour créer l’écran de fumé dont qu’il lui fallait pour ne surtout pas parler de la politique menée.
Le but est atteint.
Les personnes handicapées vivent sous le seuil de pauvreté.
Les personnes handicapées n’ont pas de quoi subvenir à leurs besoins les plus élémentaires : se loger correctement, manger correctement, se soigner correctement.
Nombreuses sont celles qui n’ont pas de logement autonome ou vivent dans des lieux fermés ou peine à sortir de chez elles.
Elles ne peuvent pas accéder aux lieux publics, aux administrations, aux écoles, aux tribunaux, aux cabinets médicaux, aux commerces situés à proximité, aux cafés, aux bars, aux restaurant, aux cinémas, aux théâtres, aux clubs de sport ou de danse et à une grande partie des lieux de loisirs et de socialisation.
Elles n’ont pas assez d’heures d’aide humaine dans leur quotidien pour s’habiller, prendre leur douche, se déplacer.
Elles n’ont pas assez de soutien financier pour acquérir les meilleurs outils techniques qui pourraient leur faciliter la vie.
Elles ne trouvent pas de travail ou sont exploitées jusqu’à la corde ou freinées dans leurs carrières.
Elles galèrent pour tenir à l’école ordinaire et accéder aux études supérieures.
Elles sont infantilisées, méprisées, insultées, fliquées par tout le monde et en premier lieu par les services et administrations qui sont supposés les aider.
Elles sont suspectées constamment de ne pas être capables de connaître leurs besoins et de faire mauvais usage des aides et des prestations qu’on leur concède.
Elles subissent des discriminations réelles dans tous les domaines…
MAIS ! Hold on ! Madame Le Quesnoy – pardon Sophie Cluzel [3] – déclare dans le JDD la veille de la Conférence Nationale du handicap s’inquiéter pour notre vie sexuelle et tous les journalistes se jettent sur l’assistance sexuelle. Tout le reste, ce qui nous empêche vraiment de vivre, passe à la trappe.
Cynique, hypocrite, ignoble, lamentable, indécent mais bien joué… bien joué…
NOTES
[1] Oui, je me répète… que voulez-vous, c’est le jeu ma pauv’ Lucette.
[2] Je vous l’ai dit, je le sais, j’ai des amis valides et je travaille avec eux aussi. Je ne vous raconte pas les dramas…
[3] Il n’est un secret pour personne que depuis le jour 1 Madame Cluzel a pour horizon ultime l’association Simon de Cyrène (du nom de l’homme qui a aidé le Christ à porter sa croix paraît-il) dont Elena Chamorro vous a dit tout le bien qu’elle pensait dans ce billet.