Madame Catalina Devandas-Aguilar, Rapporteuse spéciale sur les droits des personnes handicapées pour l’ONU a effectué du 3 au 13 octobre 2017 sa première visite officielle en France, afin d’observer le mise en œuvre des droits des personnes handicapées.
Le 13 octobre, elle a fait part de ses observations préliminaires au cours d’une conférence de presse.
Le moins que l’on puisse dire c’est que Madame Devandas-Aguilar n’y est pas allée par quatre chemins et nous nous réjouissons de lire que sur de nombreux points essentiels ses constatations rejoignent les nôtres.
Pour commencer, la Rapporteuse spéciale a noté le problème relatif au manque de données qui constitue une véritable difficulté pour tous ceux qui veulent travailler sur ces questions :
Ensuite, elle a fait état du positionnement actuel et archaïque de la France sur la question du handicap :
Elle a souligné notamment que la France ne connait pas le droit International en la matière et se ne réfère qu’à sa propre législation qui n’est pas totalement conforme au textes internationaux :
La Rapporteuse spéciale n’a pas manqué de relever également la main mise des associations gestionnaires…
Ainsi que « l’approche paternaliste » des dispositifs de protection sociale existants :
Elle s’est inquiétée de l’institutionnalisation massive toujours actuelle dans notre beau pays…
Insistant bien dans ses observations sur le fait qu’ « il n’existe pas de « bons établissements » » :
Et ajoutant lors de la conférence de presse que la désinstitutionnalisation requise par la Convention de l’ONU relative aux droits des personnes handicapées implique la fermeture des Institutions.
Devant ces observations accablantes, les réactions des associations gestionnaires ne se sont pas fait attendre sur les réseaux sociaux et médias spécialisés :
Réaction du Président de l’UNAPEI (la principale organisation d’associations gestionnaires d’établissements et de services dans le secteur médico-social) :
Réaction de l’association Groupe Polyhandicap France (GPF) (qui rassemble des associations gestionnaires) :
Réaction de l’APF (association également gestionnaire) sur Vivre FM :
Une fois de plus, il est clair que certains ne veulent pas comprendre…
Il ne s’agit pas de « diversifier l’offre », un élément de langage de plus en plus utilisé comme si, d’une part, l’institutionnalisation était « une offre » et les personnes handicapées des « clients » qui avaient, un jour, eu le choix (spoiler : non). Comme si, d’autre part, cette offre était valable et acceptable alors que la Rapporteuse spéciale vient de rappeler que ce n’est pas le cas, puisqu’elle contrevient au droit international et porte atteinte à nos droits fondamentaux.
Il ne s’agit pas non plus, de changer deux, trois trucs en repeignant rapidos la façade et en rebaptisant ça « institutions bienveillantes », « habitat inclusif » ou « habitat partagé. » Ne nous prenez pas pour des quiches.
Il s’agit bien de changer de politiques publiques pour mettre un terme définitif à la mise en institution des personnes handicapées, quelles qu’elles soient, et de leur donner les moyens de mener une vie autonome avec des aides humaines et services de proximité adéquats.
Il s’agit de la condamnation d’un système qui n’a pas lieu d’être.
Il s’agit de rendre aux personnes handicapées le droit de contrôler leur vie.
Le rapport définitif de Madame Catalina Devandas-Aguilar sera rendu en 2019 et nous croisons les doigts pour qu’il reste fidèle à ses premières observations.