Le café joyeux, servi avec le cœur (de la droite catholique)

Nous reprenons ici un thread sourcé précédemment posté sur twitter par une personne qui, compte-tenu des réactions hostiles provoquées, ne souhaite pas être identifiée.

Le Café Joyeux (« servi avec le cœur » comme le dit leur slogan) est une entreprise fondée à Rennes il y a quelques années. Ayant ouvert deux boutiques supplémentaires à Paris récemment, elle a lancé en 2018 sa propre marque de café en grains et en capsules, pour financer de nouvelles ouvertures.

L’entreprise se décrit en ces termes :

Café joyeux, servi avec le cœur est la première famille de coffee-shops en France qui forme et emploie des personnes en situation de handicap mental ou cognitif.
Nous sommes aujourd’hui implantés à Rennes et à Paris et vous êtes nombreux à nous demander d’ouvrir un café joyeux dans votre ville. Afin de soutenir notre développement, nous avons lancé notre propre marque de cafés en grains et en capsules en novembre 2018.

Entrez dans un cercle vertueux !

À l’origine de ce projet, un couple, Lydwine & Yann Bucaille-Lanrezac. Elle, est à la tête de plusieurs sociétés immobilières / hôtelières, lui, est diplômé de la Lyon School of Business. On commence à entr’apercevoir le profil.

Lorsque l’on cherche Lydwine Bucaille sur les moteurs de recherche, un des premiers résultats sur lequel on tombe, c’est un article du magazine Zélie, qui se décrit comme « 100% féminin, 100% chrétien » ; l’article commence ainsi : « avec son mari Yann, Lydwine a créé le Café Joyeux où les employés ont un handicap mental. Une personne guide sa vie : Le Christ ». Le profil se définit un peu plus précisément.

À Rennes, leur établissement Rue Vasselot, le premier ouvert par la marque, est dirigé par une certaine Antoinette Le Pomellec. Initialement banquière de son état, elle est manager au Café Joyeux depuis 2017.
A. Le Pomellec n’est toutefois pas passée de la banque au Café Joyeux du jour au lendemain. Entre ces deux expériences, elle a passé un an comme bénévole au Chili au sein de la structure humanitaire « Misericordia International » qui se décrit ainsi :

Nous sommes

habités par la certitude que la miséricorde change le monde ! En faisant nôtres les deux priorités apostoliques de l’Église que sont le service des pauvre et l’annonce de l’Évangile, nous voulons être une réponse généreuse et audacieuse aux exhortations du Pape François à mettre en marche une véritable révolution: celle de la tendresse!

Les origines du projet

C’est probablement cette appétence pour la divine miséricorde qui fait venir A. Le Pomellec sur scène l’an dernier aux « Universités de la vie » de Rennes, organisées par l’Alliance Vita, succursale anti-IVG de LMPT.

tweet Alliance VITA 35 – 28/01/2019

Notre intervenante local : @antoinettelePomellec, responsable du café joyeux de Rennes. Ce café embauche des personnes en situation de handicap qui accueillent, (préparent eux mêmes leur plats) et servent des « convives ». #UDVie #LaVieAQuelPrix #Bioéthique #VITARennes

Il convient de rappeler d’ailleurs les discours absolument odieux de LMPT et de ses comparses, n’hésitant pas à se saisir des personnes en situation de handicap pour faire passer le droit à l’IVG pour une idéologie hygiéniste, en n’hésitant pas à aller jusqu’à des comparaisons entre l’avortement et le massacre des personnes handicapées par le IIIe Reich. L’exemple peut aussi s’illustrer à travers le cas de Julie Graziani, militante de d’extrême-droite bien connue et éminent phare médiatique de LMPT, qui avait parlé de « racisme chromosomique » en faisant un parallèle entre les personnes noires et les enfants trisomiques.

Mais, les liens avec les milieux catholiques intégristes, homophobes et anti-IVG d’A. Le Pomellec, manager du Café Joyeux de Rennes, ne s’arrêtent pas là. En ce moment par exemple, sur les réseaux sociaux, A. Le Pomelllec diffuse largement des publicités pour « l’Ouest pour le bien commun », un événement organisé à Nantes cette année. L’événement en question – inconnu au bataillon et aillant pour le moment quinze likes sur sa page Facebook – se présente comme une sorte de gala de charité visant à lever des fonds pour des associations comme Lazare encensé par Valeurs Actuelles, La Cloche, ou encore La maison des familles. L’organisateur de cet événement, un certain Louis De Ct, passé par les bancs de l’Institut Catholique de Rennes, se retrouve aussi : dans les cortèges de LMPT.

facebook : Louis De CT a changé sa photo de couverture.

4 mars 2013

S’il est pour le moment inconnu, « l’Ouest pour le bien commun » est une version décentralisée d’un événement tout à fait similaire au niveau national : « la nuit du bien commun », événement mis sur pieds il y a trois ans, par trois jeunes hommes : Pierre-Edouard Stérin, banquier-entrepreneur considéré comme l’un des « business angels » les plus actifs du pays, se revendiquant « libertarien » comme de plus en plus de capitalo-fascistes sur les réseaux sociaux. Thibault Farrenq, ayant le même type de parcours, qui semble lui engagé dans des œuvres liées aux chrétiens d’orient etc. Stanislas Billot de Lochner, même parcours aussi, engagé lui pour « faire découvrir ou redécouvrir les bases de la foi », moins connu cependant que son frère aîné, Frédéric, dont il est très proche, et qui avait eu un certain retentissement médiatique il y a quelques années en attaquant N. Vallaud-Belkacem en justice pour sa « perversion volontaire des jeunes de France ».

Bref. Nul besoin d’aller plus loin sur ce terrain, on l’a compris, le « Café Joyeux » n’est qu’une énième façade bon-chic-bon-genre de réseaux religieux, fortunés et puissants, qui se servent de ce genre de structures pour glisser leurs idéologies nauséabondes sur la scène publique tout en opérant à ce que l’on pourrait qualifier de handi-washing.

Alors réfléchissons y a deux fois la prochaine fois avant d’être en pâmoison devant ce genre d’initiatives et de donner notre argent à ces individus qui s’en servent ensuite pour communiquer et militer leur sexisme, leur racisme, leur homophobie, et autres valeurs réactionnaires crades.
Parce que ces riches investisseurs de bonne famille, ce sont précisément eux qui ont le pouvoir, eux qui ont l’attention des puissants, eux qui siègent au parlement, eux qui traînent dans les couloirs des ministères, eux qui parlent dans les médias. Leur couper les vivres, chacun•e à sa mesure, c’est encore le meilleur moyen qu’on a sous la main pour les affaiblir, pour reprendre peu à peu le dessus, pour lutter et affirmer qu’ils n’ont plus leur place nulle part si ce n’est dans le passé.