8 mars 2020, manif Nous Toutes 35

lu par Mathilde Fuchs du CLHEE

Les femmes handicapées sont plus victimes de violences sexistes et sexuelles que les autres femmes, 80 % en sont victimes selon le rapport de 2007 publié par le Parlement européen sur la situation des femmes handicapées dans l’Union européenne.

La secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Sophie Cluzel affirme : « En 2019, être une femme et être en situation de handicap reste une double discrimination. Le Grenelle doit être enfin l’occasion de mettre fin à l’intolérable face aux violences qu’elles subissent »… sauf que l’impact des politiques publiques est loin d’être anodin dans ce taux de victimes.

Certaines de ces femmes handicapées ont un besoin d’accompagnement, dans leur vie quotidienne, dans les gestes les plus basiques comme s’habiller, se mettre aux toilettes, se déplacer, communiquer. Cet accompagnement fait bien souvent partie des tâches demandées aux proches, aux conjoints alors qu’il devrait relever de la compensation du handicap et pouvoir faire l’objet de l’intervention d’une aide humaine extérieure. Ceci est dû à l’absence de respect de nos droits, au manque d’argent attribué, au manque d’organisations efficientes dans les services à la personne…

Cette dépendance physique engendre de fait une impossibilité de libre choix, une soumission…

Cette situation fait que les femmes vont être plus sujettes à la violence de leur proche.

En outre, le gouvernement choisit de maintenir les femmes handicapées vivant en couple dans une dépendance financière. L’allocation adulte handicapé est calculée au prorata des revenus du conjoint de sorte que la femme n’a aucune autonomie financière. Elle peut rapidement voir disparaître entièrement son allocation et, en cas de séparation, mettre du temps à la récupérer. Cette situation fait que les femmes vont être obligées de rester avec un conjoint même s’il est violent.

Le calcul de l’AAH a été revu récemment par le gouvernement et pénalise encore plus les bénéficiaires vivant en couple.

Le gouvernement augmente donc les conditions de violences sexistes et sexuelles envers les femmes handicapées car, mises bout, à bout on voit bien que ces dépendances physiques et financières engendrent un terrain propice aux violences.